Le Parisien” révèle que le site de location entre particuliers ne paie qu’un faible montant d’impôts en France, pourtant son deuxième marché mondial.
La créativité fiscale des géants d’Internet est inégalable. On connaît les cas de Google, Apple, Microsoft, Amazon and co, qui s’ingénient à payer des sommes minimes par rapport à leur activité en France, comme dans la plupart des pays d’Europe.
On retrouve ce genre de pratique chez le leader de la location touristique entre particuliers : “le Parisien” révèle ce lundi 7 août qu’Airbnb n’a payé en 2016 en France que 92.944 euros d’impôts, alors que c’est son deuxième plus gros marché mondial (400.000 annonces de logement cette année) après les Etats-Unis. Un montant “certes un peu plus élevé que les 69.168 euros versés en 2015, mais toujours ridiculement bas”.
Casse-tête de la fiscalité numérique : comment faire payer Google et AmazonCe système repose sur les mêmes ficelles que l’optimisation fiscale des GAFAM : le siège social d’Airbnb est installé en Irlande – avec son taux d’imposition de 12,5% sur les sociétés, un des plus faibles d’Europe –, et c’est là que sont facturés les clients.
Un chiffre d’affaires officiel divisé par 24
Alors que l’activité du site a fortement crû (de 60% en 2016 indiquait son directeur général France), dopée entre autres par l’Euro de football, l’impôt n’a donc guère augmenté. Le quotidien se livre à une règle de trois : le patron du site ayant indiqué qu’Airbnb “a reversé aux Français un peu plus de 1 milliard d’euros en 2016”, et puisqu’il prélève environ 12% de commission, son chiffre d’affaires réel en France l’an passé peut être estimé à 120 millions ; alors que dans ses comptes officiels, l’entreprise n’en déclare que cinq millions.
Airbnb se défend en faisant valoir les retombées de la consommation de ses visiteurs (tourisme, restauration etc.) et le fait que le plus gros de chaque nuitée revient à l’hébergeur français, et aussi qu’il collecte et reverse la taxe de séjour pour une cinquantaine de villes françaises.
Euro 2016 : bataille autour de la taxe de séjour pour Airbnb, Abritel and coPeu probable que cela suffise à calmer les pouvoirs publics et le fisc, sans parler de la colère des hôteliers, taxés eux à plein, qui considèrent que c’est une concurrence déloyale.
“Le Parisien” rappelle que dans son programme électoral, Emmanuel Macron affirmait que “la lutte contre l’optimisation fiscale sera une priorité de notre action européenne. Nous nous battrons, au niveau européen, pour une taxe sur le chiffre d’affaires réalisé dans nos pays pour des prestations de service électronique. Cela éliminera ainsi les montages consistant à rapatrier les profits dans des paradis fiscaux.”
Aucune procédure n’a été lancée pour l’heure par le fisc contre Airbnb, souligne le quotidien, qui rappelle qu’en revanche, une énorme plainte a été déposée en janvier par 800 hôteliers et agents immobiliers contre les plateformes de location touristique entre particuliers, visant donc Airbnb au premier chef.
Des discussions ont lieu par ailleurs entre la France et l’Allemagne en vue d’une initiative commune… mais les deux pays, surtout le second, craignent d’éventuelles mesures de représailles contre leurs propres exportateurs. La taxation sérieuse des géants tech reste un chantier lointain.
Source: nouvelobs.com